Un partenariat fondé sur le respect, l’humilité et la priorité donnée aux clients

Un partenariat fondé sur le respect, l’humilité et la priorité donnée aux clients

Jacques de Saussure, ancien associé senior de Pictet, et Sven Holstenson, associé-gérant depuis mai 2023, reviennent sur ce qui fait le succès et la résilience de Pictet depuis plus de deux siècles.

Sven Holstenson se souvient très bien du jour où il a rencontré Jacques de Saussure : «C’était en septembre 2012». Il avait rejoint Pictet quelques semaines plus tôt et devait l’aider à préparer une réunion avec les équipes. «Je venais d’un cabinet de conseil, donc disons que je n’étais pas très familier des notions de respect et d’humilité», sourit-il en regardant Jacques de Saussure. «Vous êtes arrivé avec un tout petit peu de retard et vous vous êtes excusé. Pour deux petites minutes. Depuis, c’est ce respect qui caractérise mon parcours chez Pictet.»

Sept ans après son arrivée, Sven Holstenson devenait responsable de l’Europe au sein de Pictet Wealth Management, où il supervisait les six succursales européennes, soit 12 bureaux et 250 collaborateurs. Puis, en mai 2023, il a été nommé associé-gérant, devenant le 46e associé de Pictet. Une carrière impressionnante, mais encore relativement brève au regard des presque quatre décennies que Jacques de Saussure a passées au sein de la Banque.

Il faut trouver des gens qui ont des valeurs, qui comprennent que c’est un privilège qui s’accompagne d’un devoir, celui de perpétuer notre modèle.
— Jacques de Saussure et Sven Holstenson

L’arrivée de Jacques en 1980 n’avait pourtant rien d’évident. Car, dans la droite ligne de cette édition du Pictet Report consacrée aux familles, son histoire est une histoire de transmission. Claude de Saussure, son père, avait rêvé de marcher dans les pas de ses aïeux et de devenir scientifique, avant d’opter pour la banque dans le contexte économique délicat de l’après-guerre. «Il m’a élevé avec cette forme d’ambivalence», se souvient Jacques de Saussure. L’intérêt du jeune futur associé de Pictet pour les sciences le conduit à étudier les mathématiques appliquées à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Mais, voyant qu’il possède aussi les qualités indispensables pour réussir dans la banque, son père lui propose de rejoindre Pictet, dont il était associé-gérant. «J’ai commencé comme stagiaire, et vous connaissez la suite», sourit-il.

La suite, c’est sa nomination en tant qu’ associé en 1987, puis associé senior en 2010. Et il prend sa retraite en 2016, à l’âge de 64 ans. Une période au cours de laquelle la banque – si ce n’est le secteur financier tout entier – a connu une révolution copernicienne. «La numérisation s’est amorcée dans les années 1970 et au début des années 1980, raconte-t-il. Avant, les banques faisaient tout de manière manuelle, y compris l’achat et la vente des actions. Elles ont basculé dans le tout-informatique, ce qui leur a permis de faire des économies d’échelle.» Une période de bouleversements majeurs, mais aussi d’opportunités immenses et de croissance potentiellement stratosphérique.

Pourtant, ce qui est le plus frappant, c’est ce qui n’a pas changé depuis l’arrivée de Jacques de Saussure il y a plus de 40 ans. Le modèle de la Banque, par exemple, reste le même depuis sa création. «Nous sommes un véritable partenariat, explique-t-il, ce qui signifie que l’entreprise est détenue dans sa totalité par ceux qui y sont actifs.»

C’est grâce à ce modèle que Pictet est indépendant depuis plus de 200 ans, «une indépendance extrêmement précieuse pour diriger l’entreprise avec une perspective à long terme», souligne Jacques de Saussure. Sven Holstenson approuve : ce lien entre indépendance et vision à long terme est fondamental. «Nous n’avons pas d’actionnaires externes qui nous mettent sous pression, ce qui nous donne la liberté d’investir dans l’avenir, explique-t-il. L’horizon, ce n’est pas le trimestre ou l’année qui arrive : ce qui dicte notre stratégie, ce sont surtout les cinq ans à venir.»

Ne pas être court-termiste, c’est aussi s’autoriser à ne pas agir, un luxe dont on parle trop rarement. «Quand vous êtes PDG, vous êtes parfois obligé de prendre des décisions parce que votre conseil d’administration ne veut pas que vous preniez votre temps», déplore Jacques de Saussure. Les choses sont très différentes dans un partenariat. «Les associés ont tous le même pouvoir, explique-t-il. Vous ne pouvez pas contraindre un associé à accepter quoi que ce soit : il faut trouver un consensus, ce qui prend plus de temps.» Les débats sont parfois plus longs et plus animés, concède-t-il, mais la décision finale est toujours «nettement meilleure que celle à laquelle on avait pensé au départ». Et cela ne fait pas l’ombre d’un doute : à long terme, une décision mûrement réfléchie vaut toujours mieux qu’un choix fait à la hâte.

Pour Sven Holstenson, ce qui fait la force de ce partenariat depuis plus de deux siècles, c’est aussi la priorité absolue donnée aux clients. «Nos clients sont au cœur de nos préoccupations, souligne-t-il. Puis viennent nos collègues et notre communauté, et le partenariat, tout à la fin. Je suis convaincu qu’aucune entreprise ne peut traverser les siècles si elle ne fait pas passer ses clients en premier.»

Une conviction qui parle à Jacques de Saussure, qui s’en souvient comme de la partie la plus plaisante de son travail. «Ce qu’il y a de meilleur, c’est de travailler avec les clients, dit-il de ses 36 années passées au sein de Pictet. Parce qu’on a le privilège d’avoir une clientèle extrêmement variée, des gens qui ont tous fait des choses extraordinaires. Il y a aussi un aspect très humain, parce qu’en gérant les actifs de quelqu’un, on touche à quelque chose de très profond.»

Pour illustrer son propos, Jacques de Saussure raconte une anecdote : au début des années 1940, un client avait quitté la France pour Genève. «Il a été client pendant des années et, un jour, il a fêté son centième anniversaire.» Son gérant chez Pictet l’a contacté pour lui demander comment la Banque pouvait fêter cet événement. «Il nous a répondu qu’à son âge, il n’avait plus d’amis parce qu’ils étaient tous morts, mais que ce qui lui ferait vraiment plaisir, ce serait de venir déjeuner à la Banque avec sa fille et sa petite-fille.» Jacques de Saussure s’est joint à eux. Un moment mémorable et l’immense privilège «d’être là pour rendre hommage à une relation qui avait duré près de 70 ans».

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