Fabrice Petruzzi – Saisir les moments que nous offre la nature

Fabrice Petruzzi – Saisir les moments que nous offre la nature

Un samedi matin, chez lui, à Genève, Fabrice consulte la météo sur son smartphone. Une tempête est annoncée près de Zurich. Il ne lui faut que quelques minutes pour réunir son matériel photo et sauter dans son van, prêt à traverser la Suisse dans l’espoir de réaliser le cliché qu’il prépare depuis deux ans.

Les aventures photographiques de Fabrice ont commencé il y a dix ans, lors d’un séjour en Islande avec un ami déjà très expérimenté dans ce domaine. Dans ses pas, il s’est mis à prendre des photos avec un appareil photo basique. A la fin de la semaine, malgré plusieurs milliers de prises de vue, il n’était pas satisfait: «Nous avions été aux mêmes endroits, mais ses photos à lui avaient ce petit truc en plus.» 

Fabrice est revenu d’Islande avec une nouvelle occupation créative, qui s’est rapidement transformée en passion. Il a pris des cours et s’est acheté du matériel de meilleure qualité. Quelques mois plus tard, son entreprise a fait l’objet d’une restructuration et il a disposé de plus de temps pour travailler son style photographique. Il s’est alors mis à envisager de faire de sa passion son métier. 

Il a été engagé par The Photo Academy, à Genève, pour donner un cours à des débutants. «C’était plutôt simple, les participants cherchaient surtout à produire de meilleures images pour Instagram», explique-t-il. Il a aussi animé des ateliers d’astrophotographie et photographié des mariages. «Je pratiquais mon art, mais ça m’éloignait de ce que j’aimais le plus: les paysages.» Fabrice a ensuite retrouvé un travail dans l’informatique et, dans le même temps, choisi de se recentrer sur la photographie de paysages, consacrant son temps libre à chercher le lieu de sa prochaine prise de vue.

Ses aventures l’ont emmené partout en Europe, des fjords de Norvège aux falaises abruptes de l’Ecosse, en passant par la Suisse et ses lacs paisibles. «J’ai acheté un van juste avant la pandémie et, comme il n’y avait pratiquement personne sur les routes, j’ai passé mes week-ends à découvrir des lieux magnifiques en Suisse.»

L’une des photos les plus remarquables de Fabrice représente les lacets d’une route de montagne illuminés par les phares des voitures, un exploit réalisé en combinant 120 clichés. «C’était un défi technique, car j’ai dû attendre les conditions idéales, puis fusionner toutes les images dans Photoshop pour obtenir des trajectoires lumineuses parfaites.»

Il a fallu 120 photographies pour créer cette image du col de la Maloja, dans les Grisons (Suisse).

Pourtant, la photo la plus importante aux yeux de Fabrice est un paysage hivernal tranquille avec trois arbres solitaires perchés sur des collines enneigées à Zoug, près de Zurich. Cette image est le fruit de deux ans de patience et de ténacité. «J’ai découvert cet endroit d’abord grâce au travail d’autres photographes. J’ai ensuite passé des heures sur Google Maps et Street View pour essayer de trouver le lieu exact. Après avoir enfin réussi à le situer, je m’y suis rendu plusieurs fois, mais les conditions n’étaient jamais parfaites», explique-t-il.

Fabrice voulait photographier les arbres recouverts de neige fraîchement tombée, dans un paysage immaculé, mais la neige était rare dans la région et ne tenait généralement pas. «J’ai gardé les yeux rivés sur les prévisions météo pendant deux ans. Et un jour, j’ai vu qu’une tempête de neige approchait. J’ai pris mon matériel et j’ai roulé trois heures pour me rendre sur place.» Fabrice est arrivé à 14 heures dans la campagne zougoise, accueilli par de la neige fraîche, mais le panorama de ses rêves était caché par un épais brouillard. «Je ne voyais pas à plus de quelques mètres, tout était oblitéré. Heureusement, comme j’étais déjà venu, je savais exactement où me placer.» Il s’est donc installé avec son trépied en haut d’une colline, puis il a attendu. Au bout d’une petite heure, le brouillard a commencé à se dissiper, dévoilant les arbres dans toute leur splendeur hivernale. «La scène était magique, blanc sur blanc, avec uniquement les silhouettes sombres des arbres.» Dix minutes plus tard, le brouillard est retombé, masquant de nouveau le paysage. Fabrice est resté deux heures de plus, jusqu’à ce que le jour commence à baisser, mais cette fois, le rideau blanc ne s’est pas déchiré.

«Social Distancing», la photo préférée de Fabrice, lui a valu d’être présélectionné pour le prix International Landscape Photographer of the Year, aux côtés de plusieurs photographes qu’il admire.

Il est rentré chez lui de nuit, déçu de ne pas avoir pu prendre en photo le coucher de soleil. Mais une surprise l’attendait. En important les photos sur son ordinateur portable, Fabrice s’est rendu compte qu’il avait finalement pris son cliché idéal. Cette image lui a même valu de faire partie des 101 photographes présélectionnés pour l’édition 2021 du prix International Landscape Photographer of the Year. «Je me suis retrouvé dans la même sélection que des photographes que je suivais depuis des années, c’était un véritable honneur.»

Ce n’était pourtant pas la première fois que Fabrice se trouvait mis en avant. En 2016, il a figuré parmi les finalistes du concours Landscape Photographer of the Year du magazine National Geographic pour son image «Glen le Féerique». «C’était mon tout premier voyage en solo. Je suis allé sur l’île de Skye, dans le nord de l’Ecosse, en voiture de location avec une tente dans le coffre.» Il s’est rendu au même endroit trois après-midi de suite, sous la pluie. Et le dernier jour, le soleil est apparu quelques instants. Fabrice était prêt et a pu saisir la lumière dorée qui enveloppait cette île écossaise sauvage.

«Glen le Féerique» a été présélectionné par National Geographic en 2016.

Pour ses prochaines aventures, Fabrice rêve de photographier les étendues spectaculaires de Patagonie et les paysages variés qu’offre la Nouvelle-Zélande. «Ces deux destinations sont en haut de ma liste. Que ce soit la combinaison des montagnes et de la mer en Nouvelle-Zélande ou la beauté brute de la Patagonie, je veux absolument les photographier!»

Pendant des années, Fabrice a consacré tout son temps libre et ses vacances à la photo. «Je me réveillais très tôt pour le lever de soleil et je pouvais rester des heures à essayer d’anticiper le mouvement des nuages.» Mais aujourd’hui, il préfère passer plus de temps avec sa famille et ses amis. «Avec l’expérience, on apprend à choisir son moment.» 

Quand il ne parcourt pas le monde avec son appareil photo, Fabrice Petruzzi est IT Support Specialist Trading pour Pictet Asset Management. Vous pouvez admirer une sélection de ses photos ici ou sur Instagram @fabricepetruzzi. 

Quatre objets que Fabrice emmène toujours pour ses prises de vue

  • Son appareil, un Nikon Z7II.
  • Trois objectifs – 16-24mm, 24-70mm et 70-200mm – pour avoir un large éventail de focales et parer à toutes les éventualités.
  • Des filtres ND (Neutral Density) et polarisants, qui permettent de contrôler la luminosité et de réduire l’éblouissement.
  • Une lampe frontale pour la visibilité en cas de lumière insuffisante, essentielle lors de randonnées en montagne, quand la nuit tombe brusquement.
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