Pictet Group
Publication du rapport Pictet-IIF — Crise climatique: un examen minutieux des risques liés à la transition vers net zéro
Intitulé Climate Crunch: A closer look at the transition risks of net zero (Crise climatique: un examen minutieux des risques liés à la transition vers net zéro), il recense trois risques spécifiques qui exigent l’attention des investisseurs.
Le principal est celui d’une envolée de la dette publique: ce phénomène risque d’avoir un impact négatif sur les profils de crédit de nombreux pays dont les finances ont d’ores et déjà été mises à mal par la pandémie, souligne le rapport.
Si les Etats continuent de financer la moitié des investissements climatiques nécessaires à l’échelle mondiale, la neutralité carbone pourrait en effet faire augmenter leur endettement de 50 000 milliards de dollars d’ici 2030, et de plus de 215 000 milliards de dollars d’ici 2050, soit plus d’un tiers de la hausse anticipée de la dette publique d’ici 2050.
Le deuxième risque qui menace les investisseurs est celui des perturbations économiques. A l’instar des taxes carbone ou du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières européen (MACF), les dispositions légales et réglementaires conçues pour pénaliser les émetteurs de carbone vont immanquablement faire augmenter le coût de l’activité économique. Les taxes carbone sont actuellement appliquées à moins de 25% des émissions humaines de carbone. Le fait d’étendre leur champ d’application reviendrait à faire croître le coût des intrants de tous les secteurs, ou presque.
Si les entreprises sont en mesure d’absorber une partie du coût de la transition énergétique, l’essentiel sera forcément répercuté aux consommateurs sous forme d’augmentation des prix des biens et des services, prévient le rapport, ce qui pèsera sur la consommation et, in fine, sur la croissance du PIB. D’après les projections de l’IIF, le PIB réel serait, le cas échéant, inférieur de 1% à 4% à ce qu’il aurait pu être d’ici 2030.
Le troisième aspect de la transition énergétique est l’instabilité des marchés financiers. Les projets d’investissement, et en particulier ceux qui sont en partie dirigés par les pouvoirs publics, tendent généralement à être davantage exposés à une possible mauvaise gestion Et plus les montants engagés seront élevés, plus le risque de gaspillage et de conséquences négatives sera important. Tout cela signifie que le potentiel de mauvaise allocation du capital – c’est-à-dire la coexistence d’une bulle au niveau de certains actifs et d’un passage à vide injustifié pour d’autres – augmente de façon considérable.
Selon Evgenia Molotova, gérante d’investissement senior en charge de la stratégie Positive Change de Pictet AM: «Il ne s’agit nullement de minimiser l’importance de l’engagement mondial en faveur de la neutralité carbone: elle est indispensable à notre prospérité future. Le chemin vers cette neutralité, en revanche, est complexe et pavé de risques. Les investisseurs vont devoir, en particulier durant la première phase de la transition énergétique, relever des défis qui pourraient perturber l’activitééconomique et les marchés financiers, et il serait dangereux de les prendre à la légère.
Les investisseurs qui défendent des objectifs durables doivent adopter une approche plus pragmatique.
Pour commencer, il leur faut accepter le fait que, pour bâtir une économie durable, il faudra continuer d’investir dans un certain nombre de secteurs qui, aujourd’hui, sont très intensifs en carbone.»
Sonja Gibbes, directrice générale de l’IIF et responsable de la finance durable, ajoute:«Viser la neutralité carbone est un enjeu vital mais très coûteux, synonyme de nouveaux défis et de nouveaux risques pour le secteur financier. Pour que la transition énergétique soit réussie, il faut faire évoluer la production, la consommation, l’investissement et le commerce de façon radicale, et les entreprises joueront un rôle majeur dans cette transformation. En comprenant ces défis et ces risques, les investisseurs peuvent, à leur tour, jouer un rôle essentiel en agissant de façon proactive pour encourager et accélérer la transition vers un avenir durable.»
A propos de l’Institut de la finance internationale
L’Institut de la finance internationale (IFF) est une association internationale qui regroupe plus de 400 acteurs issus de plus de 65 pays. Sa mission est d’accompagner le secteur financier dans sa démarche de gestion prudente des risques, de définir des pratiques sectorielles saines, de plaider pour des dispositions réglementaires, financières et économiques qui sont dans l’intérêt de ses membres, mais aussi de promouvoir la stabilité financière et une croissance économique durable au niveau mondial. Parmi les membres de l’IFF figurent des banques commerciales et des banques d’investissement, des gestionnaires d’actifs, des compagnies d’assurance, des fonds souverains, des hedge funds, des banques centrales et des banques de développement. Pour en savoir plus sur l’IFF, rendez-vous sur www.iif.com. Vous pouvez également le suivre sur Twitter, LinkedIn ou YouTube, ou écouter leurs podcasts.