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Encourager la transition énergétique avec l’aide des gouvernements
Impossible de parler de la transition vers un avenir bas carbone sans tenir compte du rôle des gouvernements et des réglementations. De fait, les dépenses gouvernementales mondiales pour soutenir l’énergie propre et la capture du carbone ont augmenté de plus de 500 milliards de dollars en 2022, car de plus en plus de pays ont mis en œuvre de nouvelles politiques et des subventions.1
«La politique d’un gouvernement peut être un levier puissant pour stimuler l’innovation verte, à court et à long terme», déclare Christoph Beuttler, responsable de la politique climatique chez Climeworks, une start-up suisse qui capture le carbone dans l’air pour le stocker de manière permanente.
Climeworks, dont la première unité commerciale a été mise en service en 2017 à Hinwil, en Suisse, capte le CO2 directement dans l’atmosphère, plutôt que dans les cheminées des usines comme c’est le cas pour la plupart des projets de captage du carbone.
La technologie de capture directe dans l’air et de stockage (DAC+S) de l’entreprise utilise des ventilateurs qui aspirent l’air ambiant et le font passer à travers des boîtes de la taille d’un conteneur. Les filtres à l’intérieur absorbent le CO2. Lorsqu’ils sont saturés, le système arrête l’alimentation en air extérieur vers les conteneurs, puis les expose à de la chaleur générée par l’énergie renouvelable pour libérer le CO2. Le CO2 piégé est ensuite envoyé vers un lieu de stockage permanent.
Beuttler considère que le soutien des gouvernements est essentiel pour l’avenir des technologies DAC, que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies a identifié comme nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Il souhaite que les administrations créent des normes de surveillance et de reporting sur l’élimination du CO2 et quantifient les résultats.
Les réglementations peuvent définir des seuils de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les entreprises et autres, contribuant ainsi à créer des conditions équitables pour que tous les secteurs atteignent des objectifs mesurables. Les incitations économiques, telles que les avantages fiscaux et les subventions directes, aident les start-ups à se lancer, encouragent les entreprises à investir dans les technologies de l’énergie propre et stimulent les changements de comportement pour les organisations et les individus.
Les gouvernements peuvent également soutenir ou s’engager dans la recherche et le développement pour faire progresser la science de l’énergie propre et de la réduction du carbone. Des recherches dans des domaines comme la modélisation climatique ou encore la science des matériaux viennent étayer les avancées dans les énergies propres, les batteries, la capture du carbone et d’autres technologies essentielles pour atténuer les pires impacts du changement climatique.
De nouveaux financements pour un nouveau secteur
Nous pouvons tirer des leçons de la législation existante et de son impact sur l’innovation afin de fournir des informations aux futures politiques et d’identifier ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré. Par exemple, les avantages fiscaux de l’Inflation Reduction Act (IRA) de 2022 aux États-Unis et les subventions de l’UE destinées aux technologies propres offrent des solutions concurrentes pour stimuler les investissements.
Les conditions pour profiter des 375 milliards de dollars de dotation de l’IRA sont tellement séduisantes qu’elles attirent des entreprises des technologies propres à venir s’implanter aux États-Unis. Certaines entreprises européennes du secteur du solaire, de l’éolien, des batteries, de la capture et de l’élimination du carbone trouvent les incitations de l’IRA pour le développement de nouveaux projets aux États-Unis plus attrayantes que les avantages plus compliqués et plus lents à réaliser offerts par l’UE. La situation est d’autant plus complexe en Europe qu’il appartient à chaque pays européen d’établir des règles pour les investissements gouvernementaux dans de nouveaux projets. Par exemple, bien que le plan d’action de l’UE en matière de financement durable fournisse des financements pour des projets d’infrastructures plus durables, il reste souvent à la discrétion des gouvernements des États membres de l’UE de déterminer les allocations et le calendrier, ce qui peut entraîner de la bureaucratie et des freins au développement.
L’IRA fait la part belle aux crédits d’impôt américains existants pour les projets de capture du carbone. Le crédit pour la capture et l’utilisation ou le stockage du dioxyde de carbone (CO2) issu des processus industriels est passé de 50 USD à 85 USD par tonne. Le crédit pour le CO2 collecté par capture directe dans l’air (DAC) a plus que triplé, pour atteindre 180 USD par tonne.2
Parallèlement, la Bipartisan Infrastructure Law, adoptée en 2021, prévoit 3,7 milliards de dollars pour quatre centres régionaux du DAC, chacun captant au moins 1 million de tonnes de CO2 de l’atmosphère chaque année et les stockant de manière permanente.3 Ce programme représente un investissement massif dans ce domaine. Il crée de nouvelles opportunités pour des entreprises telles que Climeworks, dont la première unité commerciale a été mise en service en 2017 à Hinwil, en Suisse. Sa technologie capte le CO2 directement dans l’atmosphère, plutôt que dans les cheminées des usines comme c’est le cas pour la plupart des projets de captage du carbone.
La technologie de capture directe dans l’air et de stockage (DAC+S) de l’entreprise utilise des ventilateurs qui aspirent l’air ambiant et le font passer à travers des boîtes de la taille d’un conteneur. Les filtres à l’intérieur absorbent le CO2. Lorsqu’ils sont saturés, le système arrête l’alimentation en air extérieur vers les conteneurs, puis les expose à de la chaleur générée par l’énergie renouvelable pour libérer le CO2. Le CO2 piégé est ensuite envoyé vers un lieu de stockage permanent.
Pour stocker le CO2, Climeworks s’associe à Carbfix en Islande où se trouvent ses deux plus grandes usines. «[Carbfix] injecte notre CO2 dans le sol basaltique islandais, où il se minéralise et est stocké en toute sécurité pendant des milliers d’années», explique Beuttler. «Le processus est entièrement mesurable et vérifiable, ce qui nous permet, ainsi qu’à nos clients, d’indiquer exactement combien de tonnes de CO2 ont été éliminées de manière permanente de l’atmosphère.»
L’expansion de Climeworks se poursuit aux États-Unis dans le sillage du programme de centres régionaux de capture directe dans l’air, après que le ministère américain de l’Énergie lui a communiqué être sélectionné dans les États de la Louisiane, de la Californie et du Dakota du Nord.
Beuttler considère que le soutien des gouvernements est essentiel pour l’avenir des technologies DAC, que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies a identifié comme nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.4 Il souhaite que les administrations créent des normes de surveillance et de reporting sur l’élimination du CO2 et pour quantifier les résultats.
Comme l’illustre l’IRA, les gouvernements peuvent également fournir des marchés pour les technologies et les services, tels que le DAC, qui sont indispensables à l’atténuation du changement climatique.
«Les gouvernements sont essentiels pour aider à construire des marchés pour l’EDC (élimination du dioxyde de carbone) afin que l’industrie puisse atteindre les volumes que la science du climat nous dit clairement d’atteindre», explique Beuttler. «L’élimination du carbone doit représenter plusieurs milliards de tonnes de capacité annuelle pour neutraliser les émissions inévitables ou historiques d’ici le milieu du siècle. Cela se traduit par un marché et un secteur de plusieurs milliards de dollars.»
Certaines de ces technologies pourraient être confrontées à des défis d’évolutivité, mais combiner diverses solutions, y compris les marchés du carbone, pourrait aider la transition énergétique.5