Pictet Group
Corinne Heutschi
Il y a douze ans, Corinne et son mari ont croisé le chemin d’une jeune apprentie sourde, les conduisant alors à explorer l’univers de cette langue comme quelque chose de visible et de vivant. C’est en pensant en images qu’ils ont petit à petit apprivoisé la langue des signes.
Enseignant de cuisine dans une école à besoins spécifiques, le mari de Corinne a un jour accueilli une élève sourde dans sa classe. «On a voyagé dans le monde entier, on a appris les phrases de base en malgache, en arabe, , on s’est toujours débrouillés. Là pourtant mon mari s’est retrouvé dépourvu et il a dû travailler avec un interprète. Frustré de devoir communiquer par le biais d’une troisième personne, il a décidé d’apprendre la langue des signes. Couple fusionnel et étant curieuse de nature, j’ai voulu me plonger dans l’apprentissage de cette nouvelle langue avec lui».
Corinne raconte les particularités de la langue des signes, dont les mains, les expressions du visage sont les instruments principaux. «La langue des signes a une structure, une grammaire, et une conjugaison propre. Les mots ne sont pas employés les uns après les autres, mais plutôt dans un contexte, de temps, lieu, action, c’est une véritable gymnastique de l’esprit. Pour les personnes sourdes, il y a deux langues à apprendre: une langue écrite (celle des ‘entendants’) et une langue signée (celle des sourds).»
Pour Corinne et son mari, ce qui était au départ un simple outil pour échanger avec les élèves, est devenu aujourd’hui un nouveau mode de vie. C’est au travers des fréquents dîners avec leur ancienne professeure, aujourd’hui une amie, que le couple profite pour pratiquer. Les repas se déroulent alors en deux actes: un temps pour manger et un temps pour voir mains et visages débattre de sujets d’actualité, de cuisine, de sport...«Chaque blague ou jeux de mot que nous parvenons à signer sont autant de petites victoires».
Et pour se dépayser tout en pratiquant, Corinne et son mari se rendent dans les musées genevois Mamco (Musée d’Art Moderne et Contemporain), MAH (musée d’Art et d’Histoire), afin de suivre des visites guidées en langue des signes. «Réussir à suivre le guide, qui est lui-même sourd, reste la meilleure école pour évoluer».
Corinne imagine déjà la possibilité de combiner ses connaissances en langue des signes avec son amour pour la cité de Calvin en organisant des visites guidées dédiées aux personnes sourdes et malentendantes. Un nouveau saut dans l’inconnu qui mérite d’être exploré pour cette jeune grand-mère de cinq petits-enfants!
Quand elle n’est pas en train d’apprendre de nouvelles langues et de découvrir de nouvelles cultures, Corinne est executive assistant chez PAA.