Pictet Group
Valentin Carron
Artiste précoce, Valentin Carron entame une formation artistique dès l’âge de quinze ans, d’abord à l’École cantonale d’art du Valais ensuite à l’École cantonale d’art de Lausanne, dont il sort diplômé respectivement en 1999 et 2000.
Originaire du Valais, où il vit et travaille, Carron se réapproprie, copie et détourne des objets issus de la culture valaisanne, souvent considérée comme l’incarnation d’une identité helvète. Il en imagine des répliques en matériaux synthétiques, tels que le polyester ou la fibre de verre, qui imitent le bois, le béton ou le bronze. Par ce biais, Carron joue avec la notion d’authenticité et questionne le poids de la tradition et des valeurs attachées à certaines créations culturelles. Ainsi, en démultipliant et déplaçant des croix telles que l’on en rencontre en Valais au sommet des calvaires, il croise le mythe d’une Suisse de chalets et de montagnes avec une esthétique dépouillée, renouvelant les stratégies appropriationnistes des artistes américains des années 1970.
Carron souligne également la construction de la Suisse en tant que nation autour d’un folklore réinventé et souvent falsifié. En effet, certaines traditions reconnues comme historiques ont en réalité été élaborées à la fin du XIXe siècle, notamment pour les besoins de la création d’une identité nationale. Plus récemment, l’artiste s’est intéressé au champ de l’art en s’appropriant de manière quasi parodique des toiles de Fernand Léger ou des sculptures d’Alberto Giacometti. Ce travail de réinterprétation permet de neutraliser la position d’autorité de l’œuvre d’art et suggère l’idée d’un art qui participerait d’une culture populaire.
Que Valentin Carron convoque des archétypes attachés à une iconographie folklorique, artistique ou religieuse, il le fait avec ironie et distance, mais aussi dans un esprit critique. Plus proches du pastiche que de la célébration, ses sculptures mettent en évidence les rouages du mécanisme symbolique qui anime les productions humaines.