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Stephanie Meder - La grimpeuse qui met les sprinteurs au défi
Stephanie s’est mise à la petite reine en juillet 2021, d’abord avec un vélo qu’on lui avait prêté. Elle a tout de suite accroché et est tombée amoureuse du cyclisme. Trois mois plus tard, elle s’est acheté un vélo de route et y a rapidement consacré presque tout son temps libre. Mais quatre mois plus tard, elle a développé un syndrome fémoro-rotulien, c’est-à-dire une lésion du cartilage situé sous la rotule. «Je roulais à fond, tout le temps. Il me fallait quelqu’un qui m’aide à m’entraîner plus intelligemment, pour gagner en vitesse.» C’est à Zurich qu’elle a rencontré son entraîneur, qui était aussi son préparateur de vélo*.
Il lui a concocté un programme mêlant séances d’endurance dans la campagne zurichoise et du fractionné plus motivant sur son vélo d’appartement (des cycles de pédalage intense suivis de période de plus faible intensité). Il a aussi ajouté dans son planning des étirements et du renforcement musculaire. A l’inverse d’un entraîneur de tennis ou d’un préparateur physique, il suit Stephanie en ligne, par une appli d’entraînement. Ensemble, ils ont modulé le nombre et l’intensité des séances en fonction des courses à préparer et du quotidien de Stephanie. L’hiver, elle a remplacé le vélo en extérieur par du ski de randonnée.
Avec un engagement de ce niveau, on pourrait croire que Stephanie est une athlète professionnelle, mais non. Elle travaille à plein temps, comme Senior Strategic Project Manager au Corporate Office et fait souvent la navette pour ses projets entre Genève, Francfort et Zurich, où elle habite. Généralement, elle se lève à 5 heures et s’entraîne avant d’aller travailler. «Mon entraîneur me rappelle régulièrement de faire passer ma santé, ma famille et mon travail en premier pour éviter le burn-out, qui est assez fréquent chez les sportifs amateurs de haut niveau. J’essaie de garder de la souplesse et d’écouter mes proches», ajoute-t-elle avec un sourire.
Avec un planning aussi chargé en entraînements, en 2023, Stephanie s’est dit qu’il était temps de savoir ce qu’elle valait. Elle s’est inscrite à sa première course, l’Étape Switzerland by Tour de France, une épreuve de 137 km en Suisse centrale, où elle a terminé deuxième du classement féminin. «C’est à ce moment-là que mon entraîneur a vu que j’avais vraiment du potentiel.» Alors qu’elle savourait encore son classement, une amie lui a annoncé qu’elle participait aux championnats du monde Gran Fondo UCI, course cyclosportive longue distance comptant de nombreux participants, avec une rude concurrence et caractérisée par plusieurs étapes difficiles, allant généralement de 120 à 240 kilomètres. «Je savais que j’étais plus rapide qu’elle.» Deux mois plus tard, Stephanie s’est donc inscrite à une course qualificative à Varese, en Italie, et a terminé première de sa catégorie d’âge.
Et voilà qui nous amène à Aalborg, au Danemark, en ce matin frais de septembre. Stephanie avait pris une semaine de congés avant l’épreuve pour se préparer mentalement pendant ce trajet de plus de 1000 km depuis Zurich, et pour se familiariser avec le parcours de l’épreuve. Ce serait lacourse la plus difficile qu’elle ait jamais faite et elle n’était pas totalement sûre d’elle. Le programme d’entraînement avait été particulièrement épuisant et l’avait poussée jusqu’à des intensités inédites pour elle. «Je n’ai atteint mes véritables objectifs que quelques semaines avant.»
Pourtant, le jour de la course, la stratégie de Stephanie était claire. «Je savais que mes capacités de grimpeuse n’allaient pas suffire, donc il fallait la jouer futé: garder mon énergie et bien me positionner dans le peloton.» Dès le départ, elle reste devant, ce qui lui permet d’éviter les chutes et de ne pas trop subir le vent. «Rouler en peloton, ça peut être délicat, surtout quand on ne connaît pas les autres coureurs. Il faut faire confiance à son instinct et réagir vite si un autre tombe en panne, chute ou fait une embardée.»
A mesure que la course avance, Stephanie s’attaque aux fameuses côtes. «J’ai su assez vite que je pouvais monter en puissance en côte et que ça fatiguerait les autres. J’avais l’impression d’être bien plus à l’aise en montée que les autres.» Dans les derniers kilomètres, elle est en tête du peloton. «Je voulais éviter de finir au sprint, mais je me suis retrouvé à protéger d’autres coureurs du vent et, dans les dernières secondes, ils m’ont doublée. Mais j’ai quand même passé la ligne d’arrivée deux secondes après le premier.
Malgré tous ses efforts, Stephanie termine donc sixième du classement général et cinquième de sa catégorie d’âge. «C’est rageant d’être si près du but et de ne pas monter sur le podium. Mais je suis fière de ma performance et de m’être confrontée aux meilleurs coureurs amateurs du monde.»
Une semaine plus tard, Stephanie est de nouveau en selle à Bad Dürrheim, en Allemagne. Autour d’elle, des coureuses professionnelles dans le cadre de cette course qui compte pour la Bundesliga (catégorie féminine élite en Allemagne). Cette fois, elle parvient à garder son énergie pour le sprint final et se lance vers la ligne d’arrivée. Elle finit troisième.
Pour les mois à venir, Stephanie s’est déjà fixé de nouveaux défis. «J’aimerais gagner le championnat européen Gran Fondo, qui est une course de montagne en Alsace, histoire de profiter de mes points forts de grimpeuse. De plus, je suis actuellement à la recherche d'une équipe continentale de l'Union Cycliste Internationale pour continuer à concourir dans les courses sur route féminines élites.»
Quand elle n’est pas sur son vélo, Stephanie Meder est Senior Strategic Project Manager au sein du Corporate Office du groupe Pictet.