Pictet Group
Karine Wilkinson
Quatre enfants, un chat, un chien, une tortue… «et un mari formidable». En dehors de son travail, qu’elle exerce à plein temps, Karine n’a pas beaucoup de temps libre. Mais quand l’occasion s’est présentée d’aider une amie, elle n’a pas hésité une seconde. Alors elle ne compte pas ses heures, donne des conseils de gestion et pose des questions «un peu agaçantes» pour sensibiliser à une maladie neurologique méconnue et souvent mal diagnostiquée . Et il se trouve que Carla Bruni elle-même apprécie ce qu’elle fait.
«J’ai rencontré Virginie il y a 22 ans, quand on a commencé toutes les deux, chez Neuflize OBC (ABN Amro). Sa fille Flora venait de naître, et je venais moi aussi d’avoir mon premier fils. Nous discutions, comme le font les jeunes mamans.» Mais rapidement, il est devenu évident que la fille de sa nouvelle amie ne grandissait pas tout à fait comme les autres. Elle avait du mal à s’asseoir, ne souriait pas et ne cherchait pas les visages. Elle semblait être dans son monde à elle. Mois après mois, Karine voyait Virginie courir tout Paris et écumer pédiatres, ophtalmologues et psychologues. Chaque consultation débouchait sur un diagnostic et un traitement différents, sans qu’aucun professionnel ne sache vraiment ce qu’avait sa petite fille.
Il a fallu à la collègue de Karine quatre ans pour enfin tomber sur une neurologue qui a suggéré que Flora souffrait d’un trouble neurovisuel lié à une privation d’oxygène à la naissance, qui avait empêché l’irrigation d’une partie du cerveau. «Ce ne sont pas les yeux qui voient. C’est le cerveau qui interprète les messages provenant des yeux et les transforme en images. Ces images sont essentielles au développement et Flora ne les recevait pas.»
Contrairement à ce qu’on croit souvent, ce n’est pas irréversible. Il faut simplement du temps et de la patience pour réapprendre à voir. Il a fallu à Flora 18 ans de thérapie hebdomadaire et d’exercices quotidiens de rééducation, mais aujourd’hui, à l’âge de 24 ans, la jeune femme vient de commencer son premier emploi dans une maison de retraite. «Elle veut être au service des autres, c’est son tour à présent.» La neurologue qui l’a suivie tout au long de son traitement est devenue une amie de la famille. «Elle disait toujours que, le jour où un de ses patients s’en sortirait, elle créerait une fondation pour sensibiliser à cette pathologie.»
Et Karine a rejoint l’aventure à l’automne 2020. Elle s’est retrouvée dans la cuisine de Virginie à définir le but et la vision de l’association Les Yeux dans la Tête, aux côtés de quatre autres femmes. Chacune d’entre elles avait été invitée en raison de la compétence particulière qu’elle était à même d’apporter.
J’avais tendance à ramener les autres sur terre quand elles partaient un peu trop loin. D’après mon expérience auprès d’entrepreneurs et de familles fortunées, je sais que quand on donne de l’argent à une cause, on a aussi besoin de comprendre l’impact de l’association. Je n’arrêtais pas de dire, “si on veut intéresser les gens, il faut être pragmatiques!”».
Autour de la table se trouvaient, en plus de Karine, son amie Virginie, Sylvie, la neurologue qui avait suivi Flora, Isabelle, dont le fils souffrait de troubles du développement similaires, et Brigitte, pour ses compétences en relations publiques. «Ce sont Virginie et Sylvie qui ont véritablement porté le projet, je n’avais qu’un tout petit rôle par rapport à elles.»
Avant d’intégrer Pictet Wealth Management à Paris, Karine a profité de sa période de dispense de préavis pour travailler à temps partiel pour l’association, et ainsi lever le capital initial nécessaire pour accélérer son évolution, monter le plan de développement et lancer les premiers projets.
Alors que toutes les autres étaient personnellement concernées, qu’est-ce qui a motivé Karine à s’engager? «L’idée est de réduire cette période très sombre pendant laquelle on ne sait pas ce qu’a son enfant. Pour les parents, mais aussi pour les ophtalmologues, les pédiatres et les généralistes. Grâce à l’association, nous mettons en lumière ces troubles très méconnus, mais pour lesquels il existe effectivement une solution. »
Aujourd’hui, le rôle de Karine a quelque peu évolué, puisqu’elle est trésorière de l’association. «Depuis mon arrivée chez Pictet en février 2022, j’ai moins de temps libre, ce qui tombe bien puisque l’association n’a pas eu beaucoup de rentrées d’argent. Mais nous préparons un grand gala de collecte de fonds pour le mois de décembre, donc je vais être bien occupée!». Ce petit groupe de femmes a été rejoint par l’ancienne Première dame française, Carla Bruni, principale marraine de l’association.
«J’ai tellement reçu dans ma vie qu’il m’est inconcevable de ne pas donner un peu de mon temps aux autres. Je l’ai toujours fait, même à l’adolescence. Parfois, ce sont simplement quelques minutes dans un planning chargé afin d’être présente pour une amie. D’autres fois, c’est agir de manière plus structurée et engagée, comme lorsque nous avons fondé Les Yeux dans la Tête. J’ai énormément de chance, nous avons quatre enfants en bonne santé et une belle vie. Mon mari dit toujours “quand on a la chance d’avoir, même un peu, il faut savoir partager”. Et c’est ce qu’on fait. C’est de famille, tout simplement.» Tout comme chez Pictet, finalement.
Lorsqu’elle n’est pas en train de créer une association ou de lever des fonds au profit de celle-ci, Karine est Head of Development, chez PWM France.