Pictet Group
Dobriyana Tropankeva
Nous sommes un jeudi d’automne, 19h25, derrière le rideau du Bridewell Theatre, à Londres. Dobriyana entre en scène dans quelques minutes. Notre collègue de Pictet Asset Management sera ce soir, entre autres personnages, l’un des tentacules d’Audrey II, la plante carnivore star de The Little Shop of Horrors. Une comédie musicale qui se joue à guichets fermés dans ce théâtre londonien, off-West End.
C’est la troisième des sept représentations du spectacle mis en scène par son école de théâtre, et Dobriyana a hâte de fouler le parquet. Les deux premiers soirs se sont bien déroulés, mais il y a toujours des choses à améliorer. «Pour la dernière scène, lorsque nous jouons les tentacules de la plante extraterrestre menaçante qui prend le contrôle du monde, notre chorégraphe nous a encouragés à carrément franchir les limites de la scène, et à aller à la rencontre directe du public.»
Chaque soir durant les Notes, la réunion d’avant spectacle, les «créatifs» - metteur en scène, chorégraphe et directeur musical - donnent aux acteurs leur évaluation de la représentation de la veille et leurs conseils pour la suivante. «Les ‘créas’ trouvent toujours les bons mots pour nous motiver à nous perfectionner encore, et ça, c’est ce qui me fait vibrer!» Car bien que The Little Shop of Horrors soit une production off-West End amateur, le niveau de performance attendu tant par l’équipe de création que par le public est très élevé.
Et c’est précisément ce niveau d’exigence et de compétitivité qu’affectionne Dobriyana. Avec une mère comédienne professionnelle, elle a très vite été embarquée dans le monde du théâtre. «J'ai grandi en Bulgarie, à Plovdiv, et à 5 ans j’ai fait mes débuts sur scène dans une pièce où jouait aussi ma maman, au théâtre de la ville. C’est d’ailleurs grâce à cela que j’ai pu m’offrir, avec mon tout premier salaire, un chiot qui m’a apporté beaucoup de bonheur pendant de longues années.»
Dobriyana a eu une vie rythmée par une discipline de fer et un agenda de ministre depuis l’enfance. Dès l’âge de 7 ans, ses études de musique mais surtout la pratique du piano à un très haut niveau l’ont menée de compétitions en concours, tous plus sélectifs les uns que les autres. Durant toute sa scolarité, elle se levait aux aurores pour faire ses gammes et ses devoirs avant l’école, puis pratiquait le piano pendant quatre heures le soir, parfois jusqu’à huit heures d’affilée lorsque les concours approchaient. Elle sourit avec douceur en y repensant. «C'était simplement mon mode de vie. Si vous travailliez dur et que vous vous entraîniez tous les jours, vous alliez acquérir les compétences nécessaires pour réussir et atteindre vos objectifs.»
Aujourd’hui encore, Dobriyana garde cette même approche dans tout ce qu’elle entreprend, et vit à fond chacune de ses passions: son métier de multimedia producer chez Pictet, bien sûr, mais aussi les voyages qu’elle organise dès qu’elle a un petit trou dans son calendrier et surtout les comédies musicales, auxquelles elle consacre la majeure partie de son temps libre. «Ce soir, c’est la semaine facile, dit-elle. Les représentations, c’est la cerise sur le gâteau. L’aboutissement d’un travail conséquent, mais aussi un moment de grande complicité avec les autres comédiens et l’équipe de production.»
Car en amont, il y en a, du travail de préparation, et ce dès l’instant où le cap des auditions est passé et qu'on reçoit le script. Pour apprendre et mémoriser les chants, d’abord. Puis les pas de danse. Puis les scènes et les dialogues. Mettre ensuite le tout ensemble, seule dans un premier temps, puis en synchronisation avec les autres comédiens et musiciens. Puis répéter les scènes. Encore et encore. Le tout en dehors des heures de travail, évidemment. Depuis 2015, Dobriyana a joué dans neuf comédies musicales, incarné des dizaines de personnages et passé des centaines d’heures entre les cours, les répétitions et les spectacles
En plus d’être comédienne, Dobriyana est aussi ce qu’on appelle dans le milieu une music captain. «Lorsque le directeur musical nous a présenté une première fois la partition dans sa globalité, mon rôle consiste à choisir les différentes mélodies pour les différentes voix et de les enregistrer séparément, afin que chaque interprète dispose d'une bande audio de sa partie et puisse s'entraîner individuellement. J'organise également des répétitions supplémentaires avec l'ensemble.»
Mais comment fait-elle pour tout gérer? Dobriyana rit aux éclats: «ah, mais c’est facile! J’ai un besoin vital d’être active, et donc je m’organise pour que ça marche! J’utilise aussi chaque moment possible: par exemple, le matin, pendant le trajet en direction du bureau, j’écoute mes morceaux en boucle. Le soir aussi, lorsque je rentre des répétitions, il arrive régulièrement que je révise mes pas de danse. Des collègues ont d’ailleurs déjà dû me voir à l’œuvre sur les quais et se demander ce qui m’arrivait!»
Elle avoue aussi que durant ces périodes intenses de répétition, elle vit plutôt dans sa bulle, et n’a que peu de temps pour voir ses proches. «Mais quand arrive le temps des spectacles, ils viennent me voir, et nous nous retrouvons.» Après avoir rapidement remis l’une de ses manches en place, Dobriyana nous signifie qu’il va falloir abréger.
Elle avoue aussi que durant ces périodes intenses de répétition, elle vit plutôt dans sa bulle, et n’a que peu de temps pour voir ses proches. «Mais quand arrive le temps des spectacles, ils viennent me voir, et nous nous retrouvons.» Après avoir rapidement remis l’une de ses manches en place, Dobriyana nous signifie qu’il va falloir abréger.
Un mot sur ses costumes? Pour les spectacles amateur off-West End, ce sont en effet presque toujours les comédiens qui se procurent eux-mêmes leurs costumes, en tenant compte des indications de la direction artistique. «J'aime beaucoup aller dans magasins et sur des applications de vêtements seconde main pour trouver des costumes que je peux aussi porter en dehors de mes rôles. Ainsi, mes costumes de théâtre sont un choix durable que j'utilise dans ma garde-robe quotidienne.» La prochaine fois que vous la croiserez au bureau, Dobriyana portera peut-être cette robe à rayures très corporate qu'elle met en ce moment dans une autre scène de The Little Shop of Horrors. «Mais bien sûr, pour assurer la cohérence globale des costumes de la pièce, il y a toujours la Dress Run, une séance de défilé où tous les comédiens portent les costumes qu’ils ont choisis et où les créas valident ou demandent des modifications.» Parfois, lorsqu'il s'agit de spectacles très spécifiques ou d'époque, comme pour My Fair Lady, certains costumes, accessoires et pièces de mobilier sont loués à des théâtres professionnels ou fabriqués sur mesure. «Ma tenue d'Ascot a été prêtée par un théâtre, mais ma robe de la Reine est ma propre robe de bal, que j'utilise régulièrement lors d'événements black tie.»
Dobriyana a aussi tissé des liens forts avec la troupe, qu’elle considère presque comme une seconde famille. «Nous ne jouons bien sûr pas tous dans toutes les pièces, il y a des arrivées et des départs, mais nous nous retrouvons au fil des années et des spectacles. Et j’aime particulièrement faire partie de l’ensemble, car j’aime avoir cette cohésion d’équipe et le fait de devoir composer avec le jeu d’acteur, les chants et la danse.»
On aimerait lui poser encore mille questions sur ses choix d’auditions, en savoir plus sur sa prochaine pièce (Footloose, en juillet 2024), sur ses œuvres préférées ou comment et où elle conserve ses costumes, mais l’heure tourne. Il est temps pour Audrey II d'envahir la scène. Dobriyana s’avance, en même temps que les autres acteurs, dans son costume vert coordonné, et la plante carnivore prend vie…
Lorsqu’elle n’est pas en train de répéter un chant, un pas de danse ou d’entrer en scène, Dobriyana est multimedia producer pour Pictet Asset Management à Londres.